En Angleterre toujours, Allan Whitaker a repris les stocks de F.G.C. et commence à les mettre en vente en juillet, sous le nom de H.G.C. On peut ainsi se procurer un Atmos pour 40 £, un lecteur Opelco pour 120 à 140 £, et une pléthore de logiciels. C'est également Allan Whitaker qui lance l'idée d'une logithèque domaine public outre-Manche. Et ce mois-là, O.U.M. est passé à 7 pages.
L'Alternative Micro Show [Ndt : salon consacré aux micros non compatibles] qui se tient à Birmingham le 12 novembre 1988 est d'une importance considérable pour les Oriciens britanniques, car c'est pour eux la première occasion de se rencontrer. H.G.C. y a un stand, et on peut enfin mettre un visage sur de nombreux noms. Simultanément, en France, le Club Oric International (qui avait dû se rebaptiser Club Disc'Oric, ou C.D.O., à la demande d'Oric International pour éviter toute assimilation) diffuse le quatrième numéro de son journal électronique.!
A notre grande tristesse, I.O.U.G. s'arrête avec le numéro 23 de février 1989. Cela n'est toutefois pas une surprise, car sa parution était de plus en plus espacée. Heureusement, c'est à ce moment-là que le Club Disc'Oric commence à diffuser un bulletin imprimé. En outre, O.U.M. est chaque mois fidèle au rendez-vous et s'améliore à chaque fois (un certain Dave Dick y tient une rubrique remarquée). C'est l'un des meilleurs (et rares) exemples de constance de la part d'une entreprise consacrée à l'Oric. Néanmoins, le rédacteur en chef, Robert Cook, écrit dans le numéro de mars :
"Pour la première fois, O.U.M. atteint 9 pages, mais je pense pas pouvoir offrir beaucoup plus..."En mars 1989 à Lyon, un revendeur Oric, Ordielec, négocie le rachat d'un important stock de pièces avec le syndic d'Oric et envisage un moment de ressusciter le Telestrat si la demande s'en fait sentir, puis finalement y renonce, faisant peut-être en cela preuve de bon sens. Le mois d'avril 89 voit se tenir le deuxième Alternative Micro Show à Londres et paraître la première édition anglaise du JEO (Journal Electr'Oric) du C.D.O.
Le 30 septembre 1989 est une date historique pour les Oriciens français. C'est ce jour-là qu'à l'initiative du serveur Telstar et de son sysop, Laurent Chiacchiérini, une vingtaine d'utilisateurs de Telestrat et d'Atmos se réunissent pour la première fois de visu à Paris. On y apprend, entre autres, qu'A.S.N. continue de recevoir des demandes de renseignements de la part d'utilisateurs Oric. En novembre, un événement d'importance comparable se déroule outre-Manche. Le troisième Alternative Micro Show ne compte pas moins de trois stands Oric : celui de H.G.C. tenu par Allan Whitaker, rencontre un grand succès et côtoie le stand d'O.U.M., avec Robert Cook, et celui du Club Disc'Oric, tenu par votre serviteur. Sans compter le stand de W.E. Software qui propose des pièces, des logiciels et des livres Oric à la pelle. Sur le stand d'O.U.M., Dave Dick vante avec enthousiasme les vertus de l'Atmos à qui veut l'entendre...
En janvier 1990 a lieu à Paris la seconde "visu" Oric, au
cours de laquelle le Club Europe Oric est fondé par les
membres du Club Disc'Oric et les fidèles du serveur Telstar.
Le 28 mars 1990, le club acquiert une existence légale par la
parution au Journal Officiel de sa constitution en association
à but non lucratif régie par la loi de 1901. Il se dote
également d'une "agence" en Grande-Bretagne [Ndt : gérée par
l'auteur de ce livre]. Désormais connu sous le sigle C.E.O.,
il regroupe à ce jour une centaine de membres, dont un tiers
en Grande-Bretagne.
Pendant ce temps, en Angleterre, la logithèque domaine public est mise sur pied et offre bientôt plus de 80 titres. Plus de 250 copies de programmes sont diffusées la première année. En mai, le manuel du Sedoric est traduit en anglais et les Oriciens britanniques délaissent de plus en plus les cassettes pour les disquettes.
En juin 90, Robert Cook quitte son poste de rédacteur en chef d'O.U.M. et, à partir du numéro 35, est remplacé par Dave Dick. La revue compte alors une cinquantaine de lecteurs. Résidant à Aylesbury, Dave Dick organise dans cette ville la première "visu" des Oriciens anglais. Parmi les 30 participants, on note la présence de deux "anciens" d'Oric, Paul Kaufman et Geoff Phillips, et de deux représentants du C.E.O. venus de France, le président Vincent Talvas et le trésorier Alain Wéber.
En octobre 1990, O.U.M. bat le record de longévité de Théoric. Lors du quatrième Alternative Micro Show, le 10 novembre, il est convenu qu'Allan Whitaker va fermer H.G.C., laissant à O.U.M. le soin de diffuser les logiciels commerciaux, pour fonder Oric Enthusiasts, qui se consacrera aux logiciels "shareware". Parallèlement, le C.E.O. décide de mettre fin à la parution de son journal électronique sur cassette ou disquette, préférant publier un magazine mensuel de qualité, le CEO-MAG, avec pour rédacteur en chef Alain Wéber.
Tandis que les Oriciens français se réunissent désormais régulièrement tous les trois ou quatre mois, une deuxième "visu" des Oriciens anglais a lieu le 9 février 1991. Les quelques personnes qui ont réussi à franchir la tempête de neige découvrent un puissant traitement de texte tournant sous Sedoric, Word-Speed, écrit par Ray McLaughlin. Ce dernier se rendra par la suite célèbre en réalisant la version 2.0 du Sedoric pour l'utilisation des disquettes 3½" en 80 pistes.
Le 13 juillet, O.U.M., qui compte à présent une bonne vingtaine de pages par numéro et plus de 100 lecteurs, organise la troisième réunion d'Aylesbury, devenue désormais un rendez-vous annuel des Oriciens britanniques.
1992 est l'année de la consolidation, avec la parution de nouveaux logiciels, et le développement du C.E.O. et d'O.U.M., tant en qualité qu'en quantité. Devant la proportion croissante d'utilisateurs équipés de lecteurs, le C.E.O. abandonne la diffusion des cassettes trimestrielles pour se limiter aux disquettes. Le 18 juillet 1992, la réunion d'Aylesbury rassemble un nombre sans précédent de participants : plus de 50. A cette occasion, plusieurs Oriciens anglais manifestent leur intérêt pour l'achat d'un Telestrat. En septembre, O.U.M. célèbre son cinquième anniversaire par un numéro double de 42 pages.
En novembre 1992, le CEO-MAG publie un "scoop" : Oric renaîtrait ! En fait, une publicité parue dans la presse informatique française annonce l'ouverture prochaine d'une boutique "Oric PC" chez Surcouf, une foire exposition permanente de la micro nouvellement inaugurée à Paris :
"Près de 200 000 utilisateurs français ont fait connaissance avec l'informatique grâce à l'Oric-1, puis à l'Atmos. Aujourd'hui, Oric vous propose une gamme de PC tout à fait stupéfiante quant à ses prix. 9 modèles sont disponibles et une gamme multimédia devrait voir le jour prochainement."Une fois de plus, on croirait entendre Bruce Everiss ! Et une fois de plus, la baudruche se dégonfle. La boutique promise n'ouvre pas car, selon le responsable de Surcouf, le fournisseur n'a pu livrer ses machines à temps pour l'inauguration. Renseignements pris sur l'identité de ce "fournisseur", il semble que la marque ait changé plusieurs fois de mains depuis la faillite, sans qu'il soit possible d'en connaître les détenteurs actuels. Il y a peut-être là matière à un chapitre supplémentaire de notre histoire...
Et, alors que nous voici arrivés au dixième anniversaire de l'Oric-1, il est peut-être bon de se ménager un temps de réflexion...
Rêvons un peu à ce qui aurait pu être... Le fait est que, pendant dix ans, nous avons assisté à un long parcours de montagnes russes. La société Oric elle-même a duré en tout et pour tout deux ans et six jours jusqu'à sa première faillite, puis s'est réincarnée en France pendant dix-huit mois, plus une année en état de règlement judiciaire. Comment expliquer ce parcours navrant ? Tout d'abord, me semble-t-il, par un excès d'optimisme du début à la fin, doublé de nombreuses erreurs en matière de marketing et de fixation des prix. L'incapacité à produire suffisamment de logiciels dans les délais a été fatale. La machine elle-même aurait pu remporter un succès mondial, et qui sait ce qui serait advenu si les projets d'Oric en juin 85 avaient été réalisés ? Mais ils ne l'ont pas été, ou plutôt ils n'ont pu l'être en la circonstance.
Et pourtant aujourd'hui encore, il est impossible de mettre le mot fin à cette histoire. Le nom d'Oric est encore porteur... O.U.M. poursuit son bonhomme de chemin... Allan Whitaker a bien l'intention de continuer Oric Enthusiasts pour le plus grand bénéfice de tous... Le Club Europe Oric joue un rôle prépondérant en France et en Angleterre... et ceux qui utilisent à présent leur Oric pour leur plaisir, ou pour faire du traitement de texte, sont vraisemblablement dans l'ensemble peu enclins à abandonner dans un futur proche... Ceux qui n'étaient pas réellement attachés nous ont quittés ; il reste ceux qui y croient, décidés à perpétuer le nom d'une aventure courageuse lancée à l'époque grisante des entreprises d'amateurs, une aventure qui devait succomber aux dures réalités du marché.
Permettons-nous d'espérer que le nom d'Oric ne mourra pas, mais continuera de jouir d'une retraite paisible pendant de nombreuses années encore.
SANS FIN