Chapitre 2

Les ennuis commencent


Illustration de Paul Sample


Le lancement de l'Oric-1 ne va pas sans problèmes. Le magazine Personal Computer World publie dans son numéro d'avril 1983 un banc d'essai complet, qui commence en ces termes :

"La sortie de l'Oric-1 illustre une fois de plus l'incapacité quasi comique des constructeurs de micro britanniques à lancer une nouvelle machine proprement. Financé par British Car Auctions et tirant parti de l'expérience non négligeable de Tangerine Computers, Oric vise le marché en plein essor de la micro : l'ordinateur familial à moins de 200 £. Les problèmes de livraison qui ont poursuivi le BBC et le Spectrum auraient dû alerter Oric sur les embûches à venir, mais le nouveau constructeur a consciencieusement observé les erreurs de ses concurrents, puis s'est empressé de les reproduire. Les publicités invitant les consommateurs à passer leurs commandes ont fait leur apparition en octobre. 30 000 chèques ont été reçus dans les deux premiers mois et Oric ne doutait pas de pouvoir livrer en quantité suffisante pour Noël. Seulement les livraisons de ROM ont pris du retard et il est devenu évident que les prévisions d'Oric pêchaient par excès d'optimisme... Il est malheureux qu'Oric ait lancé son produit en faisant preuve de tant d'amateurisme et de négligence. Cela ne peut qu'être préjudiciable à l'image de la société et, pire, susciter chez le consommateur une méfiance imméritée à l'encontre d'Oric."
Deux des premières publicités de logiciels proposés par des éditeurs indépendants paraissent dans Personal Computers News du 27 mai. Elles concernent un Désassembleur symbolique commercialisé à 7,50 £ par Crunch Computer Systems (qui s'en souvient aujourd'hui ?) et les inévitables 50 jeux de Cascade pour 9,95 £. Dans le même numéro figurent cependant des bancs d'essai de Death Satellite de A & F, Othello et Awari de Kenema, Oric Trek de Salamander, et Multigames de Tansoft. Devinez la conclusion : "Au moins, nous avons réussi à charger Awari !!

De fait, courant mai 1983, les critiques commencent à monter au sujet du chargement des cassettes. Oric réagit en remerciant Cosma le sous- traitant chargé de la duplication et de la distribution des cassettes Tansoft. Paul Johnson rend cette entreprise responsable des "dizaines de milliers de cassettes impossibles à lire". Cosma, rejette plus judicieusement la responsabilité sur l'ordinateur lui-même. Le 27 mai, Johnson déclare dans Personal Computer News :

"Tout est la faute de Cosma. Il y a eu un problème technique avec un nombre apparemment très important de cassettes et les gens ont commencé à dire que quelque chose clochait dans l'interface cassette de l'Oric. Or nous utilisons un système éprouvé depuis des années. Le problème est uniquement imputable à la mauvaise qualité de la duplication. Les boutiques ont renvoyé des milliers de cassettes défectueuses ces dernières semaines."
Voilà donc l'explication de cette pénurie de logiciels à l'époque... Paul Johnson poursuit :

"Tansoft va assurer sa propre distribution et les distributeurs Oric devront venir se fournir chez nous pour avoir des logiciels de la marque."
La suite a prouvé que peu de distributeurs ont fait le déplacement.

Pour conclure ce mois de folie, l'Oric-1 16 Ko est désormais proposé à 129,95 £.

La machine est très rapidement importé en France, pays qui va se révéler un marché très florissant. Le 29 juin 1983, un contrat d'exclusivité est signé avec A.S.N. pour la distribution de 4000 machines par mois, payables à la livraison. A.S.N. prend alors le nom "Oric France". Son PDG, Denis Taïeb, déclare dans le magazine Mégahertz :

"En 1981, nous avons recherché un produit français dans un premier temps pour la diffusion. C'est en Grande-Bretagne que nous avons cherché. Ce pays étant devenu un exemple pour l'Europe. Nous avons passé 6 mois à analyser les produits. En août 1982, nous avons entendu parler d'Oric. La qualité annoncée, la technique et les performances nous avaient impressionées. L'équipe était compétente tant sur les plans gestions que financiers et marketing. 50 à 60 000 machines furent prévues dans la période du 1.7.82 au 30.6.83. En fait, il devait y en avoir 130 000 réalisées... Oric, leur politique de départ fut de ne donner aucune exclusivité. Le choix devant être fait plus tard. Cette règle du jeu fut respectée pendant 5 mois. Nous avions diffusé 10 000 machines au 30.6 alors que les autres importateurs en avaient à peine rentré le quart. C'est donc fin juin que nous avons demandé à Oric de trancher. Nous avons maintentant un contrat pour 5 ans."
Et pour anticiper sur la suite de notre histoire, précisons qu'en mars 1983, un certain Fabrice Broche achète un Oric-1 et commence le désassemblage de la ROM.....


Les débuts d'Oric au Cambridge Science Park


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