Chapitre 5

Entrée en scène de ...l'Atmos


A ce moment-là, l'Atmos est déjà bien plus qu'une lueur dans l'oeil de son concepteur. Il est intéressant de noter que, dès le jour dulancement de l'Oric-1, Peter Harding aurait déclaré,

"L'Oric-1 se vendra pendant 15 à 18 mois, avant d'être remplacé par l'Oric-2, doté d'un clavier de type machine à écrire, puis par l'Oric-3."
Où sont passées toutes les théories selon lesquelles les bogues de la V1.0 auraient conduit à repenser l'ordinateur pour aboutir à l'Atmos ? Les utilisateurs ayant acheté leur Oric-1 directement auprès de la société se voient adresser une "offre spéciale de Noël" en décembre 1983. Ils ont la possibilité, pour 49,95 £, de passer à l'Atmos, comme l'indique une lettre de la main de Terry Shurwood, le nouveau directeur commercial d'Oric. Quant à Peter Harding, on murmure qu'il a été promu à d'autres responsabilités portant sur "les marchés spécialisés tels que le vidéotex".

Le numéro 6 d'Oric Owner, daté de février-mars 1984, annonce que les chaînes de production de l'Atmos tournent à plein depuis le 16 janvier et que celui-ci a été présenté officiellement à l'occasion du Which Computer Show de Birmingham. La machine est proposée au prix de 170 £ par Tansoft. Il est admis que le nombre d'Oric-1 vendus en 1983 a été de 160 000. Le lecteur attentif aura remarqué que cela est inférieur de plus de moitié au chiffre prévu au moment où Edenspring injectait ses millions.

Faisant le compte rendu du Which Computer Show qui s'est tenu le 17 janvier, Rob Kimberley écrit dans Oric Computing :

"Surprise ! C'est non seulement un nouveau lecteur de disquettes de marque Oric (du moins un prototype, sans indication de prix) qui a été dévoilé, mais aussi une nouvelle version de l'unité centrale, baptisée "Atmos"... La machine recèle certes la nouvelle ROM V1.1, mais je trouve qu'ils sont allés un peu trop loin. Personnellement, je n'aime pas le nouveau clavier, mais il faut dire que je me suis tant habitué à celui de l'Oric-1 que n'importe quel clavier "standard" me paraît bizarre. La nouvelle mouture est légèrement plus rapide que la précédente et comporte une touche "Funct" supplémentaire, dont hélas aucun vendeur d'Oric n'a pu m'expliquer l'utilité !)."
M.C.P., fidèle au rendez-vous, présente également ses nouveautés annoncées précédemment : synthétiseur vocal/interface joystick à 79,35 £, interface joystick programmable à 23,70 £, convertisseur A/N 8 voies à 77 £, horloge temps réel à 30 £ et interface RS232 à 38,50 £. Il serait intéressant de savoir si quelqu'un a acheté l'un quelconque de ces matériels et si on peut encore les trouver quelque part.

Un communiqué de presse d'Oric fait le point sur la fabrication :

"Oric Products International et Kenure Plastics ont cofondé une nouvelle société, M3, pour la fabrication de circuits imprimés, de micro-ordinateurs et de systèmes optoélectroniques. La société tire son nom de l'emplacement de son usine à Hampton Farm, au bord de l'autoroute M3. L'Atmos 48 Ko sera le premier produit à sortir des chaînes, qui font appel aux techniques les plus modernes de montage et de test, empruntées à la construction automobile. Kenure Plastics fabrique déjà le boîtier de l'Atmos et se charge de l'assemblage, du test et de la distribution de tous les ordinateurs Oric. Jusqu'à présent, toutefois, tous les circuits imprimés étaient réalisés en Extrême-Orient, plus précisément à Singapour et au Japon. Oric a l'intention de conserver cette chaîne de fabrication, tout en se servant de sa nouvelle usine en Angleterre pour répondre aux besoins de production accrus. Dans ce but, Oric a également signé un accord de sous- traitance, pour la fabrication de cartes-mères, avec une société du Pays de Galles. Cette dernière produit d'ores et déjà un certain nombre d'Atmos. Lorsque l'usine M3 entrera en service cet été, elle prendra le relais, avec une production mensuelle de 10 000 unités (soit un tiers du total prévu)."
Précisons que les claviers sont fabriqués par Stackpole aux Etats-Unis.

Le premier banc d'essai de l'Atmos paraît dans Personal Computer News du 18 février 1984, sous la plume de Bob Maunder. Après avoir remarqué que le lancement de l'Atmos a été éclipsé par l'annonce du QL de Sinclair, il vante la qualité du manuel de l'Atmos, "à des années-lumière de celui de l'Oric-1". Voici ensuite en quels termes il narre sa tentative de charger le programme de démonstration sur cassette :

"Ayant tapé la commande appropriée, je vois apparaître le message "Searching..." en haut de l'écran, bientôt suivi de "Loading * C", puis de "Ready". Mon instinct me suggère alors de taper "RUN" mais, ô déception, je n'obtiens qu'un autre "Ready". Toutes mes autres tentatives, avec l'autre face de la cassette, après avoir rembobiné dans les deux sens et même utilisé plusieurs magnétophones, se révéleront infructueuses, ce qui flanque la "démonstration" par terre."
L'auteur de l'article a mis le doigt sur le problème aujourd'hui bien connu de la routine de contrôle d'erreurs de la première ROM V1.1. Il reconnaît cependant avoir constaté un doublement de la vitesse d'exécution de certains programmes BASIC par rapport à la V1.0. Un autre journaliste se montre pour sa part plus caustique :

"A 170 £ pour un micro de 48 Ko, l'Atmos est considérablement plus cher que ses concurrents. Avec si peu de différences par rapport à l'Oric-1, ses atouts vis-à-vis de la concurrence sont les mêmes que pour ce dernier, c'est-à-dire nuls."
Cette semaine-là, l'hebdomadaire regorge de nouvelles concernant Oric, notamment cette vision de l'avenir signée Barry Muncaster :

"Le prochain système Oric sera un micro intégré. Il intégrera des lecteurs de disquettes, un modem (sans doute à numérotation automatique), et pourrait être construit autour du processeur Z80. Son nom probable est le Stratos et sa sortie est prévue pour le premier semestre de cette année... Nous pensons que le comportement des acheteurs de micros va laisser sur le tapis de nombreux constructeurs et qu'il n'en restera plus que quatre pour se partager l'essentiel du marché [en Angleterre]. A part Oric (bien entendu), nous devrions trouver, par ordre décroissant, Sinclair, Commodore et Acorn... Vers la fin de l'année, nous espérons ajouter un autre membre à la famille Oric, mais cette fois doté d'un processeur 8086."
Sacré Barry !

Le 4 février 1984, Oric organise une présentation à la presse du nouveau Microdisc... et s'empresse de l'annuler, laissant tout le monde dans l'attente.

Le deuxième banc d'essai de l'Atmos paraît dans la revue Your Computer. Là encore, le chargement des cassettes donne lieu à des critiques :

"L'ordinateur semble toujours particulièrement exigeant quant au réglage du volume du magnétophone... Comme le niveau varie d'une cassette à une autre, il faut souvent s'y reprendre à plusieurs fois pour charger un programme."
En avril 1984, Oric rachète l'usine de Kenure (reconstruite) pour la fabrication et le service après-vente, indiquant que la production s'élève à 1200 machines par jour. Un nouveau banc d'essai de l'Atmos paraît dans What Micro de ce mois-là :

"Si les problèmes de chargement cassette des premières machines sont résolus, l'Atmos peut se révéler un ordinateur bon à tout faire. Il ne possède peut-être aucun point fort qui le fasse ressortir par rapport à ses rivaux, mais il n'a pas non plus leurs faiblesses respectives."
Point n'est besoin de se livrer à d'autres commentaires au sujet des problèmes de chargement cassette, si ce n'est pour dire qu'Oric continuera obstinément à monter les premières versions de la ROM V1.1 jusqu'à ce que tout le stock soit écoulé. Ce n'est que bien plus tard que les ROM corrigées entreront en service.

En France, avril 84 voit le premier numéro de Théoric, sans nul doute la revue la meilleure et la plus professionnelle jamais consacrée à l'Oric. Le tirage initial de 25 000 exemplaires est rapidement épuisé et 3000 exemplaires supplémentaires doivent être imprimés. On peut y lire qu'Oric s'attaquerait au marché allemand, italien et espagnol, et négocierait un contrat de distribution en Amérique. Le même mois, Loriciels publie ce summum de la programmation française sur Oric qu'est "L'Aigle d'Or". Un clavier AZERTY pour l'Atmos est également annoncé, mais ne verra jamais le jour. Le magazine Oric Computing, pour sa part, fait paraître un listing de gestion de fiches médicales, signé par un Dr Ales Satanak de Prague, preuve que l'Oric a réussi à franchir le Rideau de fer grâce au distributeur Opel.

En ce qui concerne l'histoire officielle du Microdisc, nous en étions restés à août 1983, où sa sortie possible était prévue pour septembre... Pour autant que je sache, le lecteur n'est jamais sorti avec les couleurs bleu et gris de l'Oric-1. En revanche, dans le numéro 7 d'Oric Owner, daté d'avril-mai 1984, figure un encart publicitaire proposant l'Atmos à 170 £, l'imprimante à 150 £ et le Microdisc à 260 £.

En avril également, ITL Kathmill lance son lecteur Byte Drive 500, à l'étude depuis juillet de l'année précédente. Ce dernier est bien noté dans What Micro pour son jeu d'instructions étendu, mais critiqué parce que son DOS est logé sous la mémoire écran et risque donc d'entrer en conflit avec certains programmes. Le BD DOS a été écrit par Peter Halford (déjà auteur des routines cassette de l'Oric-1).

C'est durant l'été 1984 que beaucoup d'utilisateurs vont faire l'acquisition de leur Atmos, et que les affaires d'Oric semblent aller pour le mieux...


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